Si l’on s’intéresse à ce que consomment les jeunes Français en termes de contenus, on est obligé d’aller voir du côté de Snapchat. Avec 81% des 15-24 ans qui s’y connectent quotidiennement, l’application est le réseau social le plus utilisé par cette tranche d’âge. Bien plus qu’une simple messagerie, Snapchat s’est transformé au fil des années en un laboratoire de nouveaux formats médiatiques. C’est sur Snap qu’émergent chaque jour des références et des codes qui influencent la culture des jeunes générations, et qu’il me semble donc important d’observer.

Le B.A.-BA de Snapchat
Snapchat est à la fois une messagerie instantanée et une plateforme de contenus divers, à consommer plus passivement. Les créateurs, qu’on retrouve pour la plupart sur les autres réseaux, y partagent leur quotidien et les coulisses de leur activité.
Snapchat se distingue des autres par son esthétique authentique, sa promesse de spontanéité et d’immersion. Les stories y occupent une place centrale, offrant un aperçu en temps réel de la vie des créateurs.
On y retrouve les verticales éditoriales classiques, désormais présentes sur toutes les grosses plateformes : conversation, lifestyle, humour, fitness, gaming… Et l’attractivité de l’audience pour les marques se ressent dans les nombreux placements de produits qui ponctuent l’expérience de visionnage.
Les Français et Snapchat : une histoire d’amour
La France est le quatrième pays le plus actif sur Snapchat, avec 27,8 millions d’utilisateurs. Et bien que toutes les tranches d’âge soient représentées (35 ans d’âge moyen), c’est chez les moins de 25 ans que l’activité est la plus intense et quotidienne (4 jeunes sur 5 s’y connectent chaque jour).
L’univers Snapchat français a développé une culture unique : ancrée dans le réel, marquée par un humour bien particulier et une imagination débordante. Le Snapchat Français est devenu un concept à part entière, qui résonne même à l’international.
L’exemple actuel de la « HMI House »
Un phénomène récent sur Snapchat qui m’a particulièrement fascinée est celui de la HMI House. Ce concept, 100% Snapchat, génère des chiffres d’engagement impressionnants.
HMI, créateur français le plus suivi sur Snapchat, compte aujourd’hui 11 millions d’abonnés (et ce chiffre ne cesse d’augmenter). Il s’est fait connaître en partageant son quotidien, mais aussi en offrant des cadeaux à ses abonnés ou en organisant de grands événements via la plateforme. Il y a un an, il a lancé un concept inspiré de la télé-réalité : la HMI House.
La troisième saison de la HMI House est actuellement en cours. HMI a réuni une quinzaine d’influenceurs Snapchat dans une villa en Thaïlande, à Phuket. Ils y cohabitent et s’affrontent dans des épreuves, avec 50 000 euros à la clef. Les leviers sont ceux de la télé-réalité classique : amitiés, amours, rivalités, jeux, et trahisons. Les spectateurs peuvent également voter via les réseaux pour influencer le déroulement des événements.

Coup de frais sur la télé-réalité ?
L’un des points forts de ce format réside dans son mode de diffusion ancré dans les pratiques quotidiennes du public . Pas d’équipe de tournage, ni de chaîne de diffusion. L’intégralité de l’aventure est suivie via les comptes Snapchat des participants, qui y partagent tout en story comme à leur habitude. Je peux donc choisir de suivre les évènements tout au long de la journée, du point du vue de mon personnage préféré.
Pour vous donner une idée, il fallait compter 15 minutes pour visionner l’ensemble des stories d’HMI hier. On y apprend qui se qualifie pour la finale, on assiste à un jeu type labyrinthe, à une élimination… HMI y annonce aussi que dans quelques semaines aura lieu pour la finale ‘le plus gros concept de l’histoire de Snapchat’.
Ce point de vue multiple a un impact sur la force de frappe du programme. Car au-delà des 11 millions d’abonnés de HMI, chaque participant bénéficie généralement d’une audience proche du million d’abonnés.
Mais l’autre face de la médaille de cette autoproduction est que le contenu n’est pas soumis aux mêmes restrictions que celles imposées par la télévision traditionnelle. Cela se ressent clairement dans les propos et comportements des participants, moins filtrés voire problématiques dans certains cas (insultes, allusions sexuelles…).
Sources : Rapport Digital 2025 de We Are Social / L’année Internet 2023 de Médiamétrie / Snapchat